Oriane : la passion innée d’aimer les fleurs

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En France les boutiques des fleurs il y en a à chaque coin de rue. Ce sont des magasins qui offrent aux quartiers un caractère spécial non seulement par la diversité des fleurs et plantes qu’ils offrent, mais aussi par la qualité humaine des personnes qui sont derrière le comptoir. Depuis mon arrivée à Paris, j’ai connu plusieurs boutiques, mais il y en a une de spéciale qui est gérée par une jeune femme qui a su conquérir mon cœur par son amabilité, sa sympathie et son courage. On franchit la porte de sa boutique comme client, mais on en sort avec l’impression d’avoir partagé un instant d’amitié. Une amie qui nous montre que l’important est de faire dans la vie ce qui nous passionne.

Dans mon pays d’origine, trouver un magasin de fleurs dans chaque quartier comme à Paris, est compliqué. D’abord, nous avons des chaînes de fleuristes installées dans des centres commerciaux ou dans des quartiers touristiques. Le prix d’ un bouquet est très cher et le prix grimpe encore si on veut des fleurs qui sortent du bouquet commun. Les bouquets les plus souvent demandés sont les roses. Bien sûr il y a des fleuristes dans les quartiers populaires, ils sont installés sur les marchés en plein air. Mais alors les bouquets ne donnent pas la même « image » que dans les grands magasins.
Donc offrir un joli bouquet hors des jours spéciaux comme la fête des Mères, la Saint-Valentin ou lors d’un anniversaire, n’est pas accessible à tous et n’est pas une habitude non plus. Dans mon cas, par exemple, j’ai reçu mon premier bouquet de roses à mes 21 ans. Loin de me sentir heureuse pour ce cadeau, ma première pensée a été : « qu’est-ce que je vais faire avec ça ! ».
J’ai grandi en admirant les fleurs dans les jardins, les parcs, la montagne, mais jamais à la maison. Je n’ai aucun souvenir de papa offrant un bouquet à maman. Avec mon premier bouquet reçu, j’ai eu de la peine à voir comme ces jolies roses ont fané jour après jour. Je n’arrive pas à apprécier la beauté des instants que la vie et la nature nous donnent.

Des Fleurs partout !

La première fois que je suis arrivée en France, une des choses qui m’a surprise a été de trouver presque dans chaque coin de rue, un fleuriste. Les boutiques à l’extérieur toutes colorées par des fleurs de différents types ont attiré mon attention à tel point que je n’ai pas arrêté d’en faire des photos. « Il y a des gens qui les achètent ? » je me suis demandée et la réponse est arrivée dans le métro, le bus et la rue quand j’ai vu des gens de tous les âges se balader avec de jolis bouquets.
Le deuxième bouquet de ma vie arrive dans mes bras, 15 ans après le premier. Le jour de mon arrivée à l’aéroport pour m’installer définitivement en France, mon amour m’attendait à l’extérieur avec un gros bouquet de fleurs. Le voir entouré de toutes ces belles couleurs et suaves odeurs, ont fait que j’ai finalement apprécié le cadeau de la nature. Aujourd’hui, il y a souvent des bouquets à la maison que nous nous offrons tous les deux sans attendre un jour spécial. Maintenant que j’ai fait cette introduction de mon rapport avec les bouquets, vous êtes prêts à comprendre mon désir de dédier cet article à la fleuriste de mon quartier.

Du noir et blanc aux couleurs

Il n’y a pas longtemps que nous avons déménagé de Paris vers  la région parisienne (dans le 92) et dans ce nouveau quartier, nous sommes plus inspirés à offrir des bouquets grâce à une jeune fleuriste qui a gagné notre confiance par son amabilité, sa patience, par son écoute et qui nous a montré qu’il n’est jamais  trop tard pour faire ce qui nous passionne. Oriane, est une jeune femme qui travaille depuis 10 ans  dans le monde de la fleur et qui chaque jour rayonne d’énergie entourée de fleurs et de plantes dans sa boutique « Brindille ».

Le destin d’Oriane avec les fleurs a été marqué dès son enfance, mais avant de le réaliser, elle a suivi un autre chemin professionnel, celui de rédactrice pour une société de communication. Sa principale responsabilité : faire des comptes rendus des réunions et des assemblées générales pour de grandes sociétés. Un travail auquel elle a dédié 8 ans de sa vie. Des années où les jours sont devenus très routiniers, très prévisibles.

« Les jours passent et l’envie de faire un métier qui me permette de travailler partout gagne du terrain dans mes pensées. Je voulais faire un travail artisanal qui nécessite un savoir-faire. Comme rédactrice, j’étais obligée de rester en région parisienne et dans un type de société bien précise, alors que comme fleuriste il est possible de travailler dans différentes structures », raconte Oriane pendant qu’elle organise tout à l’intérieur de sa boutique avant l’ouverture du mercredi

 

Le jour de la décision de faire une reconversion professionnelle arrive. Déjà Oriane avait abordé  l’idée de faire quelque chose de manuel dans le monde végétal. Elle avait l’exemple de sa mère qui avait fait une reconversion vers l’horticulture, mais elle voulait trouver son propre chemin avec ses propres expériences. Et un jour un souvenir d’enfant revient vers elle et lui montre la voie à suivre. « Je me souviens de notre maison à la campagne où mes parents avaient un grand jardin et un grand potager. Ma mère s’occupait beaucoup des fleurs et me demandait de l’aider dans le jardin. Finalement, tout me ramenait vers le végétal, il y avait un lien fort et en approfondissant, je me suis rendue compte que le domaine de la fleur était quelque chose qui me plaisait beaucoup ».

Essai et erreur : on apprend

Les études en fleuristerie se suivent et avec elles les stages. Comme les plants, ce métier a de multiples branches et Oriane devait trouver laquelle lui plaisait le plus. Les stages comme fleuriste dans l’événementiel lui ont appris à faire des couronnes, des bracelets, mais c’est dans un atelier d’art floral à Paris qu’elle décide de se perfectionner et de suivre cette voie.
C’est en 2015 qu’Oriane trouve un stage chez un fleuriste dans le 92 , à la boutique « Nervure » . La jeune apprentie commence à faire ses premiers bouquets et rapidement à se rendre compte que la pratique de tous les jours fait tout. Jean Marc , le patron, est un jeune entrepreneur qui lui montre toutes les astuces et tout le savoir-faire du métier. « Au début je prenais mon temps pour faire les bouquets, mais Jean Marc me disait qu’il fallait faire vite. Les premiers mois ont été compliqués », se remémore Oriane pendant qu’elle nettoie les vases des fleurs, le sol, elle n’arrête pas de s’agiter dans toute la boutique.

 

L’épreuve décisive vient un jour où l’un de ses collègues démissionne. Une décision qui fait que Jean Marc et Oriane se retrouvent tous les deux à gérer la boutique. « On s’est trouvé avec une masse énorme de commandes qui nous demandait de travailler 7/7, ç’était très dur, mais nécessaire pour que je puisse bien apprendre le métier. Les conseils de Jean Marc et cet évènement m’ont formée » partage Oriane avec un grand sourire de satisfaction de celle qui a trouvé ce qu’elle a longtemps cherché .

Amour entre fleurs

Aujourd’hui Oriane gère toute seule « Brindille », la deuxième boutique de Jean Marc. Avant que je pose la question de comment était arrivé ce moment . Les clients commencent à arriver plus tôt que d’habitude pour un mercredi. Les commandes s’enchaînent et c’est là qu’on apprécie l’art d’Oriane. Elle se promène dans toute la boutique, prends une fleur, puis une autre, prends des feuillages, réfléchit, change d’avis et en moins de 7 minutes, de très beaux bouquets sont présentés aux clients. « J’adore ! » « C’est sublime », « je vais vous recommander à mon amie », disent les clients qui repartent contents.

Avant l’arrivée d’autres clients qui retiennent l’attention d’Oriane, je pose la question sur « Brindille « et c’est alors qu’Oriane arrête de bouger et avec une voix douce, un grand sourire et un regard mignon me dit : « cela a été un cadeau ». Pendant les 4 ans qu’elle a partagé avec Jean Marc , des jours de travail intense, des bons et mauvais jours à Nervure, ont fait que le lien d’employeur et employée s’est transformé en amitié puis après ,sans le chercher aucun des deux , en amour.
« Avoir ce deuxième local a été un concours de circonstances. Jean Marc, il y a déjà longtemps, avait l’idée d’avoir une deuxième boutique, mais je n’avais jamais pensé qu’il pourrait me donner la responsabilité de la gérer toute seule, et encore moins avec mes 4 ans d’expérience. Mais grande a été ma surprise quand il m’a annoncé sa décision. Ce fut une belle preuve de confiance ». Une preuve de confiance qu’elle a su bien maintenir. Brindille en peu de temps a su conquérir les cœurs des voisins du quartier et des gens d’ailleurs.

La vie en rose... on essaie

Les créations de ces deux jeunes amoureux des fleurs qui se basent sur un style, « où les fleurs sont mises en valeur, entourées par le moins possible de feuillage» a été reconnu le jour ou Oriane et Jean Marc avaient besoin de soutiens. En 2022, Brindille a subi un sinistre qui a fini par brûler pratiquement la boutique en entier. Un jour qu’ils n’oublieront jamais .
« Apprendre en pleine nuit qu’il y avait un incendie devant la boutique a été très choquant. Nous n’avons pas eu le temps de pleurer sur notre mauvais sort , et nous avons décidé d’ouvrir dès le lendemain. Il fallait continuer. La chose le plus surprenante a été d’être témoin d’une grande solidarité de la part de nos clients. Nous avons reçu énormément de messages sur les réseaux sociaux et des appels téléphoniques. Les clients ont voulu nous soutenir, en achetant des fleurs sans en avoir forcément besoin. On a eu beaucoup de travail ! C’est génial de savoir qu’on est connu et apprécié ». Oriane est émue au souvenir de ces journées.

Oriane, quel est le plus difficile à gérer dans un magasin de fleurs?
Les samedis sont compliqués, il faut aller vite avec les commandes et être à l’écoute des clients. Les achats de fleurs sont aussi un chalenge parce qu’il y parfois des fleurs et des couleurs très précises que les clients demandent et qu’on n’arrive pas forcément à trouver. Donc, il faut chercher une équivalence. La partie physique du métier est aussi compliquée. Je me lève à 4h du matin pour aller à Rungis. Il y a aussi le fait de porter beaucoup de poids pendant la journée, d’être debout tout le temps. Et l’hiver avec le froid, c’est dur ! Dans mon travail précédent, j’ai eu une fatigue intellectuelle et maintenant c’est physique, mais ça reste quand même un vrai plaisir.

La rapidité et l’assurance que tu donnes au moment de faire un bouquet me surprends beaucoup. Et personnellement c’est plus surprenant que ce mélange de fleurs et de couleurs arrive toujours à plaire aux clients. Comment es-tu arrivée à ce niveau d’expérience ?
Au début, je voyais les choses que Jean Marc faisait. Mais il y a quelque chose qui vient de moi qui fait que j’ai associé les couleurs aussi facilement. Parfois il y a des clients qui sont un peu sceptiques avec les couleurs, mais finalement, ils ont confiance en moi et on arrive à des résultats sympas. Dans le magasin nous sommes sous la pression du temps, mais pendant des évènements comme les mariages, nous avons plus de temps pour créer de nouvelles décorations florales. C’est encourageant de voir les commentaires des mariés qui nous remercient pour notre travail et en plus de voir leurs réactions quand ils rentrent dans la salle et voient la décoration finale.

Souvent quand on est en couple chacun travaille dans des domaines différents .A la maison le soir c’est le moment de se raconter les choses qui se sont passées au bureau. Mais, vous qui partagez le même métier…comment faites-vous pour ne pas tomber dans la routine ?
Ne pas parler du travail c’est très difficile et je pense que c’est vraiment le pilier de notre vie, mais c’est une passion que nous partageons. On essaie de ne pas parler des petits soucis qu’on a eu dans le magasin, on partage plutôt des anecdotes sur les clients quelquefois drôles et quelquefois pas très drôles. Nous avons en commun de nous retrouver en dehors de la vie de fleuristes, le dimanche après-midi et le soir. Ce n’est pas beaucoup, mais ça marche bien.

J’imagine que dans votre appartement il y a plein de fleurs et de plantes…
On a rarement des fleurs, mais par contre beaucoup de plantes. On n’a pas le temps de s’occuper des fleurs, car elles ont besoin d’attention. Je partage avec vous une anecdote : l’année dernière, nous avons déménagé et dans ce nouvel appartement, nous avons un mini balcon et la première chose que Jean Marc a faite… c’est la mise en place des plantes ! On n’avait pas de lit ni d’armoire montés, on avait des cartons partout, mais les plantes étaient en place (elle rigole vivement).

Laquelle est votre fleur préférée ?
J’ai plein de fleurs qui me plaisent, c’est difficile de choisir ! Une des fleurs qui me plaît vraiment beaucoup c’est la brodiaea, elle n’est pas très connue, mais c’est une fleur qui fleurit l’été généralement. Elle a un bleu intense et se tient bien dans un bouquet , autour de 3 à 4 semaines. La gentiane aussi, c’est une fleur de montagne avec une couleur bleue , jolie…le bleu est ma couleur préférée ! Il y a aussi le pois de senteur, qui a un parfum très subtil , très frais, très citronné…Le fraisier également me plaît beaucoup… Vous voyez c’est difficile de faire un choix ! Mais ma plante préférée incontestablement c’est le papyrus, j’adore !

On aurait voulu parler plus avec Oriane, mais les clients commencent à arriver et il faut la laisser se concentrer et délivrer sa magie avec les bouquets. Son histoire est encourageante et chargée de plusieurs leçons de vie. En plus d’être une fleuriste, elle est une personne avec une empathie unique et je suis témoin de cette qualité. Dès notre première rencontre, elle a été compréhensive et désireuse de savoir ce que fait une péruvienne en France. Donc, elle a eu envie de savoir quelle était ma fleur préférée. De ce jour-là, quelquefois je reçois un appel ou un message en disant : les alstrœmèrias (aussi appelés lys du Pérou) sont arrivés !!

Merci, Oriane pour ta tendresse !

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